Alice Bailey

Dans la précédente version de mon site web (qui devait consacrer une section entière à une biographie esquissée d'Alice Ann Bailey), le titre que j'avais donné était le suivant : "Alice Ann Bailey ou tant de choses sur les épaules d'un petit bout de femme". Mon intention n'était nullement de porter atteinte à la mémoire de cette grande initiée. Néanmoins, ceux qui ont eu le plaisir de lire son ouvrage "Autobiographie inachevée" comprendront sans nul doute ce que cette expression sous-entendait.

A côté de Mme Blavatsky, et de la force incroyable qui la caractérisait, Mme Alice Ann Bailey fait figure de petite femme frêle et fragile. A l'esprit aventureux étonnant de Mme Blavatsky, elle substitue des déboires sociaux et une vie d'abord véritablement difficile. Avant de rencontrer son mari Foster Bailey (qui l'aida à fonder le Lucis Trust en 1922), elle connut la vie d'une femme battue avant de divorcer. Luttant dans la misère sociale, n'hésitant pas à devenir ouvrière dans une usine de boîte de sardines, afin de nourrir ses deux filles, tout en confiant se laisser aller régulièrement aux sanglots dans les nombreux moments difficiles, elle semble incarner avant l'heure cette génération de femmes autonomes qui allait annoncer le grand mouvement de libération féminine du 20ème siècle.

Elle rejoint la Société Théosophique entre 1917 et 1918 et rencontre Foster Bailey, son futur mari, en 1919, qui devient d'ailleurs secrétaire national de la S.T. la même année. A la fin de cette même année charnière, un événement majeur se réalisera : alors qu'elle se trouve seule sur une colline, le Maître Tibétain entre en contact télépathique avec elle. Il lui demande si elle serait d'accord pour écrire certains ouvrages du fait de ses dons pour la télépathie supérieure. Elle refuse d'abord avec véhémence ; il lui donne trois semaines pour réfléchir. A ce terme, il lui redemande à nouveau ; et elle refuse. Il lui donne deux semaines supplémentaires. Elle accepte alors de faire un essai limité et reçoit les premiers chapitres d' "Initiation humaine et solaire". Puis elle refuse de continuer et ne se ravise qu'après avoir contacté le Maître Khout Houmi, dont elle se sait être le disciple. Pour la petite histoire, en effet, lorsqu'elle s'était rendue pour la première fois dans un centre de la Société Théosophique, elle avait reconnu dans un portrait du Maître Khout Houmi le visage d'un étranger hindou qui était venu lui rendre visite alors qu'elle n'avait que 15 ans.

L'expérience fut le début de la formidable diffusion d'un enseignement occulte extrêmement abouti. Pourtant, la Société Théosophique avait déjà entamé sa période de déclin. Alors que les premiers chapitres de "Initiation humaine et solaire" sont publiés dans la revue officielle de la S.T., cette publication s'interrompt brusquement, du fait de la jalousie et du conservatisme de quelques membres influents. En 1919, un an avant ces événements, elle pensait déjà que la Société Théosophique avait "dégénéré en un groupe sectaire, plus intéressé par la création et le maintien de loges et par l'accroissement d'adhésion que par le travail consistant à transmettre les vérités de la Sagesse Eternelle au grand public". Par l'intermédiaire de "L'Association Théosophique" (née en marge de la Société Théosophique dans une scission), elle fonde avec Foster Bailey la Fondation Lucis Trust puis l'Ecole Arcane en son sein, quelques années plus tard, pour former des disciples aux enseignements du Maître Tibétain.

Entre 1920 et 1945, elle publiera plus d'une vingtaine d'ouvrages dictés pour la grosse majorité par le Maître Tibétain. Véritable mine (ou manne !) spirituelle pour le chercheur occultiste, enseignement établi avec pureté et clarté, l'ensemble des ouvrages constitue un corpus spiritualiste occulte des plus pertinents à nos yeux. Parmi les ouvrages, on pourra noter "Le Traité sur le Feu Cosmique", "Le Traité sur les 7 Rayons", "Le Traité sur la Magie Blanche" ou bien encore "Initiation Humaine et Solaire", qui sont les ouvrages majeurs de cet enseignement. Le plus occulte et le plus riche consiste sans nul doute en "Le Traité sur le Feu Cosmique" qui constitue véritablement une nouvelle désoccultation des Stances de Dzyan et de la Doctrine Secrète de Mme Blavatsky. En tant que Clef Psychologique de la Doctrine Secrète, le Traité sur le Feu Cosmique constitue (entouré des ouvrages de compléments que nous avons cités) la Seconde Pierre de l'enseignement ésotérique et spirituel pour le Nouvel Âge. L'ensemble des oeuvres d'Alice Bailey est disponible dans la section Alice Bailey de la Bibliothèque.

Alice Ann Bailey sera la première à lancer l'idée du Nouvel Âge (l'Ere du Verseau) et au travail nécessaire s'y trouvant lié. De nombreux groupuscules sectaires (plus ou moins fleur bleue et plus ou moins inoffensifs) ont récupéré cette idée pour se l'approprier à de mauvaises fins (ou à des fins par trop idéalistes et superficielles pour être véritablement pertinentes). De façon similaire, le retour de l'Avatar (du Christ, dans la terminologie de l'Occident) a également été annoncé par le Maître Tibétain pour les décennies / siècles à venir. Mais même si ce retour est d'une importance cruciale (pour la fondation d'une religion universelle ésotérique, par exemple), il est indispensable de se concentrer sur l'idée que son retour ne dépend que d'une chose : l'effort que nous faisons en chaque instant pour améliorer notre vie et aider à construire une Fraternité Universelle entre les hommes.

Laissez-moi faire une parenthèse. Pour les non-spiritualistes ou les débutants, je sais fort bien que ces derniers propos sembleront pour le moins étonnants voir illuminés. Mais il faut comprendre que cet horizon se doit d'être conservé à l'esprit comme une éventualité. Dans tous les cas, seul le travail acharné, altruiste et désintéressé pourra permettre un tel événement "éventuel". Il ne faut certainement pas se croiser les bras en se disant que "Cool, on va tous être sauvés !" ou "Bon, ben, reste plus qu'à attendre le retour de l'autre ami !". Bien au contraire : ce sont justement ce genre de comportements qui repousse encore davantage cet événement "éventuel". Celui-ci ne sera qu'une conséquence : celle de l'effort fourni par l'Humanité pour s'émanciper et briser les chaînes de sa servitude individualiste et matérialiste. Que ceci soit gardé à l'esprit. Revenons à l'enseignement à proprement parler.

Qu'en est-il de l'Avenir ?


Le Maître Tibétain a annoncé qu'une dernière et Troisième Pierre serait apportée pour l'Enseignement, au début du 21ème siècle, par un initié. Nous pouvons imaginer qu'il s'agira également d'une femme, car il ne s'agit pas d'un hasard si ces deux grandes personnes (si différentes en personnalités et si semblables dans leur Service commun) que sont Mme Blavatsky et Mme Alice Ann Bailey ont été celles choisies pour apporter ces deux premières pierres du Triangle de l'Enseignement pour le Nouvel Age (diantre, que de majuscules !).

Néanmoins, comment sera-t-il possible de l'identifier ? En écoutant notre coeur, et en apprenant à entendre la Voix du Silence, celle de notre âme, tout simplement. Il conviendra de faire attention, car les faux prophètes et autres groupuscules sectaires risquent de devenir de plus en plus nombreux - à la fois de par la crise identitaire spirituelle et sociale des individus, et à la fois parce que le "système" contemporain matérialiste commence à percevoir les signes de sa propre déchéance. Est-ce que cela sera une personne issue de l'Ecole Arcane fondée par Mme Alice Bailey, tout comme cette dernière fut d'abord issue de la Société Théosophique ? Rien n'est moins sûr : comme toute institution humaine, se conformant à une loi qui se dessine de façon ténue et néanmoins visible, la Fondation Lucis Trust et l'Ecole Arcane semblent également avoir évolué vers une cristallisation, ne pouvant assurer l'ouverture d'esprit à la modernité que réclamerait l'enseignement spirituel. Moins médiatique et politique que la Société Théosophique en son temps, ces effets et cette évolution n'apparaissent pas aussi clairement marqués, mais les choses semblent nous apparaître dans ce sens.

Ceci me permettra de conclure sur un point essentiel quant à la théosophie et, par extension, à tout dogme spiritualiste quel qu'il soit. N'oubliez pas, chers amis, que les groupements, les courants de pensée ou les individus qui les composent, ne forment en aucun cas la garantie d'un grand niveau spirituel. La spiritualité est avant tout liée au coeur, et au soi intérieur. Il n'y a pas de plus grand maître que le soi intérieur, auquel se conforment même les Maîtres de Sagesse.

A la dévotion aveugle à un dogme, un groupe ou un individu, il convient de préférer le Service accordé à l'Humanité. A l'apprentissage par coeur et à la récitation de litanies rituéliques, il convient de préférer la critique éclairée et personnelle de ce que l'on a devant les yeux et dans la tête, à la lumière de notre propre âme et de notre propre esprit. Au bruit incessant des cohortes de spécialistes de la critique, ésotéristes ou pas, adeptes de la polémique non constructive, il conviendrait de substituer la Voix du Silence qui résonne au coeur de notre être. C'est en devenant autonome et responsable, en apprenant à purifier notre personnalité de ses écarts maladroits, et en écoutant notre coeur et notre âme, que nous pourrons véritablement cheminer avec acuité et sincérité. Ceci, par le Service à l'Humanité, dans le but de la construction d'une Fraternité Universelle, loin de la séparativité et en faisant fi des différences physiques, sociales, sexuelles, culturelles, ethniques ou nationales - ceci, disais-je, est la manière véritable de vivre sa spiritualité et de se conformer au Plan Divin. Alors, les deux véritables Maîtres se manifesteront d'eux-mêmes :
  • celui qui fera de nous son disciple
  • et celui auquel le premier se conformera quoiqu'il advienne, en respectant notre liberté de choix : le Soi qui réside au coeur de notre être.